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Libération
Critique

Objectifs révolutionnaires.

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De la Commune à Cuba, les photos de toutes les révolutions qui ont sillonné le siècle. Un album sobre, plein d'espoirs et de désenchantement, qui laisse une large place à l'anonymat sans jamais virer au cliché.
publié le 14 décembre 2000 à 8h02

Dans ce siècle, nos souvenirs sont faits de grands événements que nous n'avons pas vécus. Mais nous les avons vus. Leurs images forment notre album de famille, et les révolutions y sont au premier plan: elles sont le sang de l'Histoire toute crue et galopante. Le livre de photos publié sous la direction de Michael Löwy, directeur de recherches au CNRS, s'intitule simplement: Révolutions. Ce n'est pas un «beau» livre. Tant mieux: on le découvre dans l'intimité, sans être intimidé par le prix, le poids ou la mise en scène, avec une sorte de négligence sentimentale. Pour une fois, le nom des photographes n'est pas célébré: un anonymat de bon aloi les renvoie à la fin, à leurs agences, et les met au service de ce qu'ils ont vu. Les photos, connues ou pas, sont mélangées. Le format du livre est petit; sa mise en page, simple et pas trop ordonnée. On y voit vivre les révolutions «de gauche», avec leur enchantement, leur tristesse, leur désastre. Par ordre d'entrée en scène: la Commune (1870-71); les deux révolutions russes (1905, 1917); les révolutions communiste hongroise et spartakiste allemande réprimées dans le sang (1918-19); la mexicaine (1909-1920); les révolutions chinoises républicaines (1911-1912, 1925-27), communiste (1949); la période révolutionnaire de la Guerre d'Espagne (1936-37). La Révolution cubaine (1959) ferme le ban: c'est la seule dont le leader originel survive encore aux désillusions qu'il a engendrées.

De brefs textes, suivis de chronologies, présentent cha