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Libération
Critique

Bouquet de Vialatte.

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L'intégralité des chroniques, y compris les inédites et les censurées, que l'Auvergnat de Paris fit parvenir à «La Montagne» par train postal tous les dimanches soir, de 1952 jusqu'à sa mort en 1971.
publié le 21 décembre 2000 à 8h22

Voici des chroniques qui nous viennent et nous parlent d'un autre temps, le troisième quart du XXe siècle, quand, le dimanche soir, un homme en pardessus descendait le boulevard Arago et s'en allait gare de Lyon. Dans sa poche, une enveloppe, et dans l'enveloppe, une chronique entièrement fait main comme les sacs en crocodile. La peau du croco étant au sac de madame ce que l'épiderme de l'époque fut à la chronique de monsieur Vialatte, l'un des derniers télégraphistes du siècle. A la gare de Lyon, la chronique prenait le train postal de 23h15, arrivée à Clermont-Ferrand, elle filait à La Montagne, journal de réputation nationale. Ce manège dura dix-huit ans, de 1952 à 1971: la dernière chronique est datée du 25 avril, l'auteur est mort le 3 mai, il était né un 22 avril, en 1901.

On ne sait pas quand est née la chronique, genre hybride et caméléon, mais elle n'a guère survécu à la mort de Vialatte même si des plumitifs le paraphrasent. Dix ans plus tard, Marguerite Duras livra un été durant des chroniques à Libération, elle les envoyait depuis Trouville, fourrées dans des boîtes de filtres Melita. Duras en fit un livre, Vialatte n'en fit rien. Post mortem, ses amis réparèrent cet excès de modestie en publiant un premier recueil couleur paille, les Dernières Nouvelles de l'homme, une douzaine suivront (tous chez Julliard, chacun sa couleur), le cercle des amateurs vira au fan-club. Ces recueils puisaient leur pitance un peu partout car Vialatte écrivit pour divers journaux, mai