Une belle demeure paisible, de style italien, bâtie au bord du lac Léman, est devenue en moins d'un siècle, au gré d'une série de romans et de films inégaux, la référence ultime en matière de gothique. Non sans raison, puisque la villa Diodati, villégiature élue par lord Byron, les futurs époux Shelley et le jeune et très névrosé Dr Polidori, secrétaire particulier de l'auteur de Childe Harold, était située à l'épicentre du séisme romantique suscité chez les Anglais par la lecture de Rousseau, auquel il convient d'associer l'héritage allemand tout proche, incarné par le Schiller des Brigands.
Mary Shelley ouvrit le feu en 1818 avec Frankenstein, ou le Prométhée délivré d'ailleurs écrit à Londres auquel Hollywood répondit en écho plus d'un siècle après, grâce à la magnifique scène d'ouverture de la Fiancée de Frankenstein, de James Whale, avant que le mythe de la créature horrifique ne tombe dans la caniveau de la série Z. Plus tard, Christopher Isherwood concocta pour la télévision américaine un stupéfiant remake du film générateur, offrant cette fois une place de choix à Byron, Shelley et Polidori. Puis vint l'auteur de S.F. Brian Aldiss, avec son Frankenstein délivré (1970) dans lequel un homme de 2020 croise la route de Mary Shelley en pleine gestation de son oeuvre.
L'Argentin Federico Andahazi use aujourd'hui d'un biais borgésien pour rouvrir le dossier Diodati, se captivant pour le destin du Dr Polidori. Celui-ci est happé par une intrigue diabolique lancée sur lui c