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Libération
Critique

Le jour du chasseur.

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Le héros moderne est-il un chasseur solitaire? Premier roman d'une jeune Australienne à l'affût.
publié le 21 décembre 2000 à 8h22

Comme si l'Australie était le terrain de prédilection du refoulement collectif, symbolisé par un prédateur, la même bête mythique circule d'un roman à l'autre. A priori tout aussi invisible que dans les Ombres de l'hiver (voir ci-contre) le tigre de Tasmanie (c'est une tigresse) a les honneurs du Chasseur. Cependant, chez Julia Leigh, dont c'est le premier roman, l'homme prend l'initiative, non l'animal: «Oui, il fait la cour à sa proie.»

Chasseur, mais surtout mercenaire, et farouchement concentré sur son objectif secret, tel est le personnage principal, désigné par la lettre M. «Il répète son histoire. Qui est-il donc aujourd'hui? Dorénavant, il est Martin David, naturaliste, chargé de mission par l'université et en pleine forme.» Il a sa base dans une famille, mais souffre de l'imprécision de cette équipe amateur. Le père a disparu dans les montagnes (sur son périmètre de chasse), la mère dort tout le temps, un petit garçon et sa soeur tentent de dégeler le visiteur. «M» est bien sûr un peu maudit, un peu clone aussi, et ne plaisante pas: «Les enfant sont des espions, de petits assassins. Et les adultes, il le conserve en mémoire, sont des ennemis.»

«M» est un héros moderne. L'individualisme l'isole au lieu que sa solitude soit féconde en compassion et empathie, comme c'est le cas des enquêteurs dans les romans policiers. «Il n'est pas totalement sympathique, constate Julia Leigh, il est ambigu, complexe, pas clair: les gens sont comme ça dans la vie. Je préfère les caractè