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Critique

Restaurons Macdonald

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Le Californien Ross Macdonald (1915-1983) s'est bonifié jusqu'à devenir un classique du polar. Enquête et filature sur le créateur du privé Lew Archer.
publié le 21 décembre 2000 à 8h22

La Grimace d'ivoire est un bon petit roman écrit par Ross Macdonald en 1952, témoignage de la première manière de l'écrivain quand il ne s'était pas encore affranchi de l'influence de Raymond Chandler. On comprend dès la première scène, où une dame énervée arrive dans le bureau de Lew Archer, le privé, pour lui demander de retrouver sa femme de chambre, que la suite de l'enquête nous traînera dans des motels sordides, nous fera croiser des flics qui ne comprennent rien à rien, des femmes fatales d'autant plus dangereuses qu'elles sont belles. Avec Archer en Hard Boiled Dick, détective dur à cuire, classique, la Grimace d'ivoire semble conçu pour le «film noir» des années 40. Tout changera après 1958 et la Malédiction des Hallman. Archer cesse d'être un avatar de Sam Spade ou de Philip Marlowe et devient un personnage très original, sorte d'explorateur des mentalités, de psy de la côte Ouest, d'auditeur attentif des histoires de familles les plus tordues de la littérature policière.

Mais revenons aux origines. Ross Macdonald est né Kenneth Millar le 13 décembre 1915 à Los Gatos en Californie. Son père et sa mère se séparent peu après. M. Millar, poète et marin, part vivre sa vie de son côté et la mère de Kenneth emmène son fils habiter dans son pays d'origine, l'ouest du Canada. La santé de la dame étant fragile, l'enfant doit souvent déménager chez des parents plus ou moins proches: «Si je compte le nombre de chambres dans lesquelles j'ai passé mes seize premières années, dev