Dans Le Temps quotidien genevois très sérieux du 19 décembre dernier, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger dressait, non sans humour, le portrait du Suisse originaire des Grisons: «Le Romanche vit dans un chalet de guingois, s'appelle Flurin ou Gian et porte un bonnet de laine.» Leuenberger est alémanique. Le Romanche Oscar Peer, quant à lui, vit dans un petit immeuble, ne s'appelle ni Flurin ni Gian et porte un béret. Il est né le 23 avril 1928 à Lavin, village d'Engadine. A ce propos court une anecdote colportée par Iso Camartin (1): «De Lavin, on connaît la devinette suivante: "Pourquoi construit-on l'église dans le village?" Parce que le village ne tenait pas dans l'église.» Les plaisanteries circulent plus facilement que leurs cibles tant le canton romanche des Grisons, le plus étendu et le moins dense de la Suisse, est à la hauteur de sa description touristique de «pays aux 150 vallées». Sa capitale, tristement encaissée dans une cuvette bien fermée, est peu propice à susciter l'enthousiasme. Pour défendre sa réputation avec une mauvaise foi éhontée, il ne faut pas moins de quatre langues. Selon que vous vivez en Basse ou en Haute Engadine, que vous vous exprimez en surmiran ou en sursilvan, vous direz: «Cuoira nun es ün cumün, quai es üna bella pitschna cità», «Cuoira nun es üna vschinauncha, quai es üna bella pitschna cited», «Cuira n'è betg in vitg, lez è en pign bel marcau» ou «Cuira ai buc in vitg, quai ai in bial pign marcau». Quel que soit votre choix,
La langue des Grisons.
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par Hervé GAUVILLE
publié le 28 décembre 2000 à 8h36
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