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Libération
Critique

Le rien est nu.

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Deux ouvrages sur la folie et l'art par Henri Maldiney, phénoménologue, maître souterrain de toute une génération de philosophes.
publié le 28 décembre 2000 à 8h36

Henri Maldiney est un philosophe dont la quête phénoménologique a irrigué de nombreuses branches de la pensée contemporaine, de la philosophie à la psychologie, à l'esthétique. Proche de l'ontologie de Heidegger, il n'y reste nullement enfermé mais cherche des ouvertures du côté de la linguistique de Gustave Guillaume ou de la psychiatrie de Ludwig Binswanger, Victor von Weizsäcker ou Erwin Straus. Derrida, Nancy, Deleuze l'ont croisé au détour de leur réflexion sur le toucher, le corps ou la peinture de Bacon; Jean Oury ou Gisela Pankov l'ont côtoyé quand il s'agissait d'invalider les bases scientistes de la psychiatrie asilaire; de Francis Ponge, il a été le miroir accueillant; des peintres (Bazaine, Tal Coat...) l'ami et l'herméneute passionné et, enfin, à la faculté de Lettres de Lyon, il a été le maître de générations entières de chercheurs (parmi les «jeunes», un seul pour tous: Georges Didi-Huberman). Comme pour ponctuer une présence décisive mais discrète, Henri Maldiney publie deux livres: Penser l'homme et la folie est la seconde édition d'un recueil fondamental paru en 1991, alors qu'Ouvrir le rien, l'art nu offre un ample panorama de ses vues esthétiques. Né en Côte-d'Or en 1912, ce passionné de montagne jouit désormais d'une retraite aussi studieuse que contemplative, au bord du Massif central.

Le délire du schizophrène, tout comme la plainte du mélancolique manifestent une impossibilité à endurer le présent et disent ce qu'exister veut dire pour l'homme, au sens