Le retentissement culturel et social qui a accompagné le succès de la psychanalyse au cours des dernières décennies a entraîné dans son sillage bien des abus, confusions et détournements en tous genres. La discipline est convoquée à tout bout de champ pour donner le dernier mot sur n'importe quel grand débat dit «de société». Les psys ont désormais leur tribune dans la grande presse, à la télévision, dans les inévitables «tables rondes» de tous les congrès, au point que la spécificité de l'approche psychanalytique est souvent diluée dans le «flou de la mixture psy», selon l'expression de Sylvie Nerson-Rousseau, qui, dans son dernier livre, le Divan dans la vitrine, s'insurge contre les dangers de ce «tout-psy», tout en démythifiant «la toute-puissance que l'on prête à la fois aux psys et aux psychanalystes» et en montrant comment «les psychanalystes peuvent lutter contre la libre circulation d'une image fallacieuse de la psychanalyse».
Freud ne retrouverait pas ses petits dans la cuisine psy actuelle. «L'irruption dans tous les champs de l'existence d'un discours psychanalytique altère les concepts de la psychanalyse au point de faire de l'inconscient un simple rayon où puiser fantasmes ou souvenirs», souligne non sans causticité l'auteur qui prend, pour illustrer son propos, l'exemple très actuel des accidents, catastrophes et traumatismes que l'actualité relaie à l'envi: on voit que les psys sont sur les lieux en même temps que les pompiers. Du coup le profane a tendance à