Le rhéto-roman n'est pas une catégorie de roman axée sur la rhétorique mais une langue ladine au croisement du rhétique (langue appartenant au groupe italo-celtique) et du roman (langue indo-européenne en usage chez les peuples anciennement conquis par les Romains). Une langue rare, donc. Aussi ne s'étonnera-t-on pas de compter sur les doigts d'une main les traducteurs français du rhéto-roman. Marie-Christine Gateau-Brachard appartient à ce cénacle. Genevoise, elle a appris l'espagnol mais s'est vite rendu compte que cette spécialité était assez encombrée. Le romanche lui offrait de plus larges possibilités. Elle s'est alors souvenu de quelques Grisons dans sa parentèle. Parmi eux, un arrière-grand-père conducteur de diligence, foudroyé en franchissant un col, contribua beaucoup à exciter chez sa descendante un imaginaire romanesque. Marie-Christine Gateau-Brachard se fait la main sur Cla Biert, mort en 1981et considéré comme le meilleur écrivain romanche de son époque. Elle traduit son recueil de nouvelles Fain manü sous le titre de Fine fleur et dédie sa traduction à sa grand-mère Ursula Leonhard «du village d'Andeer».
A l'université de Genève, le cours hebdomadaire du professeur Clau Soler est consacré aux prosateurs romanches du XXe siècle. Elle y entend parler pour la première fois d'Oscar Peer et décide sur-le-champ de traduire Teodor, récit des derniers mois d'un homme politique atteint d'un cancer. L'auteur est enchanté de découvrir un jour au courrier la traduction s