Keith Ablow est un étonnant garçon. Psychiatre, expert auprès des tribunaux, romancier. Et Américain. Cet auteur de 39 ans, dont le second livre vient de paraître en France (1), réussit à emprunter le meilleur du polar de là-bas (efficacité, trame serrée, trash) sans en refléter le pire (moralisme expéditif, plaidoyer pour la peine de mort ou les armes à feu). Rare.
Le livre s'appelle Psycho killer, un titre hélas «francisé» par les éditions du Rocher le titre original, Projection, convenait mieux. Projection est un terme psychanalytique qui signifie, selon le Grand Robert électronique, «le mécanisme de défense par lequel le sujet expulse de lui-même et localise dans autrui ou dans autre chose des idées, des affects, des qualités, désagréables ou méconnus, qui lui sont propres». Soit, dans Psycho killer, les démons enfouis que le tueur Trevor Lucas risque bien de «projeter» sur le psychiatre Frank Clevenger. Bien qu'on en ai vu, des alcoolos, des solitaires et des fracassés, Clevenger est une sorte de summum en la matière: alcoolique, donc, ex-accro à la cocaïne et aux jeux, mal remis de la mort de sa maîtresse call-girl, et toujours attiré par les femmes de petite vertu.
Que se passe-t-il quand le tueur Trevor Lucas, en cours de jugement pour avoir massacré quatre personnes, séquestre des dizaines de patients et infirmiers dans son unité psychiatrique? Frank Clevenger s'y jette. Dans cette antre des mutilations sauvages et des exécutions sommaires, où les otages, drogués ju