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Libération

Ouish, mercish.

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Un jeune de Saint-Denis ne prononce pas le français comme une bourgeoise de Marseille. Explications de Fernand Carton.
publié le 4 janvier 2001 à 21h28

On dit une coup' de fruits, mais un panier d'fruits. Et on constate, surtout chez les jeunes femmes, une tendance à dire ouish au lieu de oui et mercish au lieu de merci. C'est en repérant et en interprétant ces nuances minuscules que le linguiste Fernand Carton a suivi l'évolution de la prononciation au cours du dernier demi-siècle.

Dans cette Histoire de la langue française, il a été chargé de mesurer la longueur des voyelles, le rythme des phrases et l'accentuation des mots. Pour ce travail, il a compilé les recherches de ses collègues et repris ses observations personnelles. Du film la Haine aux dîners parisiens, du français populaire à la parlure branchée, il a écouté les Français dans leur registre surveillé (RS) et leurs conversations ordinaires (CO). Résultat: il nous fait entendre ce qui tombe tous les jours dans nos oreilles sans qu'on y prête attention, et nous fait comprendre ce qui passe aussi bien dans l'accent franc-comtois que dans les histoires de Coluche ou le parler des cités.

Parmi les changements essentiels: l'accentuation des mots. La grande particularité du français, par rapport aux autres langues européennes, c'était l'accent sur la dernière syllabe des mots, dit oxytonisme. En fait, les enregistrements faits depuis vingt ans montrent que dans 30 à 60 % des cas, de mardi, on passe souvent à mardi. Une tendance confirmée par le développement de l'«épithèse» (l'ajout du e): on met quelque chose après l'accent final. Donc-