Qu'est-ce qui caractérise la période 1945-2000?
On n'a jamais autant parlé le français, aussi bien en France qu'à l'étranger. Aujourd'hui, en France, tout le monde parle au moins le français: la dernière grand-mère qui ne parlait que le breton a disparu. Mais il y a aussi eu décentrement. Pendant longtemps, un lien étroit a associé langue, norme et Etat centralisé. Les rois s'intéressaient au français et la République a emboîté le pas. Aujourd'hui, le français n'appartient plus à personne, ni aux Parisiens, ni aux Français: on le parle plus hors des frontières qu'à l'intérieur. Obsédés par la norme parisienne, nous avons oublié les variétés du français, en France et hors de France. Mais, au Québec et en Afrique, il existe des français particulièrement inventifs.
Quels sont les rapports entre l'oral et l'écrit?
Comme le français régional, le français oral est le continent obscur de la grammaire. La norme en France est la norme écrite. L'écrit a été sacralisé et, du coup, les études sur le français oral n'ont pas plus de vingt ans. On n'utilise pas le même français pour commander une bière et pour écrire un article universitaire, mais on commence tout juste à voir des recherches sur des phrases comme: «L'omelette au jambon demande l'addition» (le problème du référent) ou: «Jean, son frère, les mobylettes, il les répare drôlement bien» (la place du prédicat). Avant, on n'aurait pas analysé ces phrases, on ne les aurait même pas entendues.
D'où vient la norme?
Au XVIIIe siècle, la no