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Critique

Si ma grammaire en avait .

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Le français se fabrique autant dans les rues que dans les livres. 26e volume de «l'Histoire de la langue française».
publié le 4 janvier 2001 à 21h28

En 1903, le grammairien Ferdinand Brunot signe avec l'éditeur Armand Colin un contrat pour une Histoire de la langue française en trois volumes. Près d'un siècle plus tard, l'ouvrage a changé d'éditeur, et le vingt-sixième volume vient de sortir. Plus de 1 000 pages par une quarantaine de linguistes et de grammairiens pour couvrir la période 1945/2000. A priori, ce n'est pas le genre d'ouvrage sur lequel on se jette si on n'est pas agrégé de grammaire. On a tort, c'est passionnant et souvent drôle.

D'abord parce que Ferdinand Brunot, l'initiateur du projet né en 1860, était un personnage étonnant. Dreyfusard, puis enthousiaste maire du XIVe arrondissement de Paris, c'est le genre d'homme qui, pendant la guerre de 1914, avait transformé la cour de son immeuble parisien en prairie pour faire paître des vaches et avoir du lait pour les enfants. C'est le genre d'élève qui a avait eu le prix de malice à l'école communale et qui, devenu professeur à la Sorbonne, a passé son temps à se moquer des puristes crispés de l'Académie française. A sa mort, vingt volumes sont déjà publiés et le projet est repris par Charles Bruneau (aucun lien de parenté), puis par les linguistes Gérald Antoine et Bernard Cerquiglini, de l'Institut national de la langue française (INALF).

Comme le racone Gérald Antoine, le dernier volume était particulièrement compliqué à concevoir. «Certains de mes collègues se sont récusés. Ils ne voyaient pas comment faire une histoire du présent. Je les comprends. J'ai fa