Christophe Claro et Brice Matthieussent s'y sont mis à deux pour traduire Mason & Dixon, se partageant les chapitres en fonction de leur emploi du temps et des capacités de chacun, Matthieussent s'attelant aux questions techniques et mathématiques quand Claro se concentrait sur la reconstruction du XVIIIe siècle et de sa langue. Il semble que Pynchon ait été très-content de cette distribution-là, comme le raconte Christophe Claro.
Vous traduisez exclusivement des auteurs américains.
L'anglais, ce n'est pas la même langue. A la limite, je n'y comprends rien. Ce n'est pas tellement parce que les mots ont parfois des orthographes différentes, mais les écrivains américains traitent d'autres sujets. Ils occupent l'espace, ils ont une fascination du moins ceux qui m'intéressent pour le livre-univers, le livre-monde. Ils jouissent de l'excès. Pynchon est l'exemple le plus connu en France, mais il y en a d'autres qu'il faudrait traduire, comme John Barth ou William Gass.
Qu'est-ce qui est le plus excessif chez Pynchon?
Il a une façon fascinante de brasser les choses: il commence toujours au milieu, sans donner de repères et il faut un certain temps avant de se retrouver parmi tous les événements. La phrase en elle-même est un événement; on ne sait pas où elle nous mène. Les phrases sont complexes, longues, avec des obstacles, des lignes qui partent dans tous les sens et qu'il faut récupérer. C'est un styliste immense. Pynchon n'est pas dans une obsession esthétique de la phrase, de la