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Libération

Wittkop, nécropole position.

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publié le 4 janvier 2001 à 21h29

La perversité, si décriée dans la vie quotidienne, jouit d'un statut littéraire un soupçon plus permissif. Si bien que, à 80 ans, Gabrielle Wittkop peut encore publier sans risquer la prison. Il est cependant vrai que ça n'a pas l'air facile pour elle d'éditer ses textes. Rencontrée par Libération en 1996 pour la sortie des Départs exemplaires (éditions de Paris), elle disait avoir deux livres achevés, Sérénissime assassinat et la Marchande d'enfants, ce dernier étant qualifié par elle de «pédophilo-sadique» et demeurant à ce jour inédit (cela expliquerait-il ceci?). En revanche, Sérénissime assassinat paraît aujourd'hui en même temps qu'une réédition de la Mort de C., suivi d'un texte de même taille intitulé le Puritain passionné. Gabrielle Wittkop est plus mémé flingueuse que vieille dame indigne, mais avec une élégance qui n'était pas l'ambition première des films avec Francis Blanche et Bernard Blier. «Je suis un homme libre, et il n'y en a pas beaucoup. Et les hommes libres ne font pas carrière», dit-elle encore à Libération.

Gabrielle Wittkop est apparue dans la littérature française en 1972, quand Régine Deforges publia son Nécrophile. Car la vieille femme installée en Allemagne s'intéresse aux vices que Sade lui-même a préféré sous-traiter. Le livre se présente comme un journal dont le narrateur ne cache rien des réactions physiologiques de ses partenaires. Ce n'est pas parce qu'on aime les morts que son nez fonctionne mal, certains raffolent de parfums qui en dégoûte