En 1945, Hiraoka Kimitake, le futur Mishima, a 20 ans et a déjà publié une longue nouvelle, la Forêt en fleurs, dans la revue littéraire Bungei bunka. Kawabata la remarque et lui fait part de son intérêt. Ainsi naît l'amitié entre le jeune et l'ancien, qu'un quart de siècle sépare. 1945-1970, année de la mort de Mishima: un quart de siècle également, pendant lequel ils n'auront cessé de correspondre. Correspondance est un bien grand mot pour qualifier ce qui n'est au début qu'un échange de formules amènes. En tout cas, du côté de Kawabata. Président du Pen Club japonais depuis 1948, il semble très occupé par ses fonctions; il est aussi au jury du prix Akutagawa. Kawabata ne commence à écrire plus souvent et plus longuement qu'à partir des années 50. À ce moment-là, Mishima devient le héraut de la jeune littérature japonaise d'après-guerre. Son premier roman Confession d'un masque, qui dissèque son homosexualité, paraît en 1949 et est aussitôt salué par la critique. Mais, en 1945, le jeune Mishima est avide de dialogue, ou plutôt de dialectique: il cherche un maître et dit son admiration pour Elégie, la nouvelle de Kawabata, où il est question de métempsycose et de communication avec l'au-delà. Et déjà chez le futur auteur du Pavillon d'or, cette fascination pour le vide et la mort. Mishima parle de sa conception de l'âme dans une oeuvre de jeunesse, les Voleurs (dans la préface de ce livre, Kawabata écrivait: «La maturité si précoce du talent de Mishima m'éblouit»): «C'est l
Critique
Libelles endormis.
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par Sean James ROSE
publié le 11 janvier 2001 à 21h42
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