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Libération
Critique

On ne prête qu'aux riches.

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Un travail de fourmi et une documentation impressionnante sur l'affaire Stavisky, mais l'historien américain Paul Jankowski manque d'une thèse clairement assumée.
publié le 11 janvier 2001 à 21h42

En 1934, l'escroc Stavisky faillit faire basculer la République. C'est en effet aux cris de «A bas les voleurs!» que des milliers de manifestants, le 6 février 1934, faillirent emporter un régime jugé ­ bien hâtivement ­ responsable des turpitudes du bel Alexandre. Immortalisé par le film d'Alain Resnais, ce personnage de légende reste avant tout un acteur connu, quoique modeste, de notre histoire nationale. S'appuyant sur le dépouillement de nombreuses archives (papiers de police, archives judiciaires...), Paul Jankowski, historien américains, démonte tout d'abord le mécanisme des escroqueries conçues par un esprit fertile. Quelques exemples ne laissent d'être savoureux, à l'instar du Phébor, un appareil réfrigérant fonctionnant sans électricité dont Stavisky parviendra à caser près de 1 5 000 exemplaires. Autre idée ­ qui devait le mener à sa perte: l'exploitation des Crédits municipaux. Ces établissements charitables prêtaient ­ et prêtent encore ­ sur gages. Il suffisait donc de déposer, grâce à quelques complicités, de fausses valeurs pour obtenir en échange de fortes sommes. La première victime fut le Crédit d'Orléans, où Stavisky, déposant 155 émeraudes, fausses pour la plupart, empocha la somme de 25 millions de francs. Ce coup d'essai l'incita à récidiver à Bayonne. Désireux de doter sa ville d'un établissement rapportant quelques subsides aux finances municipales, le député-maire, Joseph Garat, se garda bien de montrer une curiosité déplacée à l'égard de l'habile f