Ce livre raconte l'histoire d'un divorce, lentement consommé, entre Paris et le fleuve qui la traverse. Au milieu du XVIIIe siècle, la Seine constitue un lieu majeur de la vie parisienne, ce que montre bien Isabelle Backouche grâce à l'utilisation d'archives jusqu'alors peu exploitées. Ainsi, la proximité physique des hommes avec le fleuve est encore très forte, car les hauts quais n'ont pas encore supprimé toutes les grèves. Les populations qui en vivent sont également nombreuses: porteurs d'eau qui concurrencent les pompes installées sur les ponts (le fleuve a alors un rôle essentiel pour la fourniture en eau de la capitale), pêcheurs, blanchisseuses, gagne-deniers et portefaix qui déchargent les marchandises... L'approvisionnement en blé de Paris, si crucial à cette époque, dépend beaucoup de la voie fluviale et des moulins qui la bordent. Nombre de marchés prennent naturellement place le long de ses rives, pour les marchandises mais aussi pour la main-d'oeuvre comme en témoigne le marché de la place de Grève. La Seine est également un endroit festif, d'autant plus apprécié que le centre de Paris, encore largement médiéval, n'offre que peu d'espaces ouverts propices aux rassemblements. Le fleuve, dès lors, en tient lieu, rendez-vous des flâneurs attirés autant par le spectacle permanent des bonimenteurs que par la prostitution. Les feux d'artifice royaux et les joutes aquatiques entre mariniers qui se multiplient au XVIIIe siècle achèvent de mettre cet espace privilégié a
Critique
Seine de rupture à Paris.
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publié le 11 janvier 2001 à 21h42
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