Il pleut souvent à Caen, où Abdourahman A. Waberi vit depuis quinze ans, mais l'écrivain ne s'y est toujours pas fait. A Djibouti, où il est né en 1965, la pluie est moins fréquente et plus absolu le soleil. C'est vers ce soleil-là, et vers l'Afrique qu'il éclaire, que regardent les treize textes de Rift routes rails, comme à la source du chant, «Entre l'écorce et la sève, la parole toujours vivante, passant d'un soleil à l'autre.» Ces treize textes sont des objets bizarres: ni des nouvelles, ni des récits poétiques, pas des essais politiques ni des réflexions littéraires ou musicales, mais à chaque fois un peu de tout cela. Waberi propose de les nommer «variations romanesques», les mêmes thèmes toujours noués différemment.
Rift routes rails regroupe avant tout des histoires de départs, de dérives, des inquiétudes de nomade, «on optera pour une mise en tumulte existentielle ou pour une mise en turbulence artistique». «Rift», le premier texte du volume, a quatre parties (partir, faire une pause, revenir, vivre), «Paris on my mind», le dernier, aussi (nord, nord toujours, sud profond, nord/sud). A chaque fois, le mouvement organise une écriture très rapide, teintée d'oralité. Dès la première page, Waberi présente Djibouti comme un lieu de l'éternel passage: «Alors, on ne fait que passer ici. S'arrêter un long laps de temps? Jamais.» Mais, à ce goût du passage, s'oppose un désir de «l'hic et nunc», une envie d'immobilité: «Djibouti encore et toujours». Le livre offre une leçon p