Il faut l'avouer: on ne pensait pas que le jeu de la petite bête qui monte qui monte et qui pince et titille et chatouille le corps du bébé, pût «tenir une place essentielle dans l'organisation de la psyché humaine». Chacun sait évidemment, par expérience, ou par référence à quelques grands praticiens de Mélanie Klein à Maria Montessori, de Freud (le jeu de la bobine du petit Ernstl) à Winnicot (l'espace-jeu où s'élabore l'objet transitionnel) l'importance qu'a le jeu en général, et pour l'enfant, comme activité ludique, et pour le thérapeute conduit éventuellement à l'analyser, comme traduction de fantasmes, «rêve», «document» visible de souffrances invisibles ou de plaisirs indicibles. Mais ces jeux-là, de mains, de mimiques, d'agacements, de faux effrois et de vrais rires, la «petite bête», le hou-hou, le coucou, la marionnette qui apparaît à gauche quand l'enfant la guette à droite, le guili-guili qui saisit le cou quand l'enfant se protège le ventre, bref ces jeux de surprise? Eh bien oui: il faudra désormais adjoindre la surprise aux concepts de la psychologie et de la psychanalyse. C'est ce que montre en tous cas l'ouvrage de Daniel Marcelli, chef de service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent du CHU de Poitiers.
La surprise. Chatouille de l'âme fournit en effet l'une des premières analyses systématiques des effets de la surprise d'abord dans l'interaction bébé-mère (ou père, ou nourrice) puis «dans la relation humaine en général, clinique en particulier»