Timothy Findley est deux. L'autre meilleure moitié de lui-même s'appelle Bill Whitehead et glisse par-dessus la table du restaurant: «L'un de nous est parfait, mais par modestie, je ne dirai pas lequel.» Plus tard, Timothy Irwing Frederick Findley, que tout le monde abrège en Tiff (Tiffy pour les intimes), corrige: «En fait, à nous deux, nous sommes parfaits.» Tiff et Bill vivent ensemble depuis 1964. Dans leur retraite varoise de Cotignac, un village d'artistes qui enjambe le cours de la Cassole, ils reçoivent les journalistes avec une prévenance gourmande, font visiter leur jardin, leur commune, leur cantine. Sur fond d'agneau aux figues et de brouillade de truffes, ils régalent leur hôte d'anecdotes, se relaient pour dire par exemple comment le père de Tiff prit Bill à part le jour où il le lui présenta et lui déclara tout de go: «Méfiez-vous, Tiff est un peu pédé.» Mais on évoque aussi le travail de réécriture de Findley, dont Bill est le plus proche témoin: «Le travail terminé n'a en général rien à voir avec ce qu'il était au début. Pour le Chasseur de têtes, il y a eu vingt-trois versions complètes différentes.» Un peu plus tôt dans la matinée, Bill montrait des photos de Stone Orchard, leur ferme de l'Ontario, avec sa gloriette, son île et son lac. Lorsqu'ils vendirent cette propriété, ils durent reloger les quatorze chats et les deux chiens qui l'habitaient. On sait l'importance que l'écrivain canadien accorde dans la vie et dans son oeuvre à la souffrance des animau
Critique
Findley, éternel retors.
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par Eric Loret
publié le 18 janvier 2001 à 21h58
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