Vous dessinez souvent la foule.
Oui mais ça m'effraie, quand j'étais enfant on était obligé de célébrer les fêtes nationales. Toute l'école y participait, en chemise blanche et foulard rouge, on s'amusait aussi beaucoup, ce n'était pas que politique. Mais être absorbé par le groupe qui vous dicte le bien et le mal, c'est terrible. J'ai grandi sous le communisme, et j'étais heureux, j'étais un enfant tout à fait endoctriné. Vers 14 ou 15 ans, je dessinais beaucoup, je voulais fixer tous les récits de voyages de mon père, et j'ai commencé à rencontrer d'autres gens, à entendre parler d'Amérique et d'Elvis Presley.
Vous étiez DJ?
C'était accessoire. Londres me fascinait à cause de la musique. J'y partais deux ou trois mois et ramenais des interviews de rock star (Yes, les Beatles, Led Zeppelin), très mauvaises d'ailleurs, avec des questions du genre: comment tenez-vous un solo de guitare quinze minutes, des trucs importants pour moi à l'époque. J'avais une chronique dans les journaux, j'illustrais chaque interview. Et puis j'ai eu une émission de radio. Après ça, j'ai été reçu à l'Académie des Arts de Prague, choisi par Jiri Trnka. Beaucoup d'intellectuels quittaient Prague à cette époque, comme Kundera. Ils voyaient clairement la situation. Moi, je restais tellement comblé que Trnka, un réalisateur de film et illustrateur si brillant, m'ait choisi. C'était l'année de ce qu'ils ont appelé la «normalisation».
Et l'art?
L'animation, contrairement à la peinture qui était statique et de