Peter Sís se voit comme «une sorte d'antiquité, un dinosaure de l'illustration qu'on pourra bientôt visiter et toucher.» Il a dessiné des milliers de petits points notamment pour ses illustrations de presse (New York Times, Washington Post...) mais ne se sent pas à la pointe du progrès en matière de technique. Il puise plutôt dans sa cartographie intérieure, des rues-dédales, des ciels nordiques couleur du temps, l'atmosphère est souvent kafkaïenne, parfois éthérée. Entre Prague et New York, Londres et Paris il trimbale comme une carapace son univers poétique. Né à Brno en 1949 d'une mère artiste et d'un père réalisateur de films documentaires, il se voyait poursuivre «une vie d'artiste bohème dans un village en dehors de Prague, avec femme et enfants tchèques». En 1980, après des études à l'Académie d'art de Prague et au Royal College of Art à Londres, il remporte l'Ours d'or à Berlin pour son film d'animation les Têtes, jugé abominable par les autorités, tellement il suinte l'individualisme forcené des gens de l'Ouest. De là il est sélectionné pour réaliser sur place un petit film aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Mais cette année-là, les pays de l'Est boycotte les J.O., un télégramme le somme de rentrer immédiatement. Ce qu'il ne fait pas, car il termine un clip (c'est le début de MTV) pour une chanson de Bob Dylan, You Gotta serve somebody (les paroles l'amusent).
Le film est refusé par «M. Dylan et la direction», à L.A. il tente d'enseigner, rentrer au pays si