Alors qu'il possède en propre le rire, l'homme partage avec d'autres espèces une prédisposition innée à la danse et c'est peut-être pour cela qu'aucune autre faculté sauf la parole ne semble mieux dire le processus d'humanisation, son origine et son destin. A la danse (1), à sa signification dans un monde qui, en s'ouvrant, se métisse et connaît une multiplication hyperbolique des danseurs et des figures, France Schott-Billmann consacre le Besoin de danser, un ouvrage aux multiples détours: psychanalytiques, historiques, ethnographiques. Psychanalyste, présidente de la Société française de psychothérapie par la danse, l'auteur enseigne l'art-thérapie à l'université de Paris-V.
Jamais on n'a autant dansé de par le monde: de plus en plus de jeunes et de moins jeunes s'engagent dans une pratique immémoriale comme si elle venait d'éclore. Corporelle, cette expérience l'est foncièrement, mais aussi relationnelle, jubilatoire et aux implications plus vastes que le simple divertissement. D'abord, ces nouvelles danses de groupe ne sont pas centrées sur soi mais, à l'instar des anciens bals populaires, elles sont «reliées à l'extérieur, à l'altérité, et c'est du dehors que le danseur reçoit l'appel de la musique». Aussi le déclin de la danse de couple, amorcé aux début des années 1960, donnerait-il à penser que ce qui s'élabore aujourd'hui quitte le registre sexuel pour éprouver en tout un chacun le sentiment de l'appartenance à une commune humanité. En devenant ce qu'elle n'a ces