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Libération
Critique

Bilal, mémoires d'entresol

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Exposition L'univers sombre du dessinateur à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
publié le 20 janvier 2001 à 22h04

Paris dans l'univers d'Enki Bilal est symbolisée par une rame de métro dévorée par la rouille, vision sombre et, selon lui, prophétique de la station Alésia (la Foire aux immortels). Le dessinateur a visiblement des attirances troglodytiques, puisque, à l'occasion de ses 50 ans, il a choisi de se terrer sous la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, au sous-sol de l'ancien hôtel d'Angoulême.

Quoi de neuf Bilal? Presque rien et presque tout avec cet Etat des stocks dans le désordre comme s'il voulait à la fois paraphraser le titre d'un de ses meilleurs albums et se détacher toujours plus du cadre restrictif de la BD. L'ex-Yougoslave revient en effet et derrière lui son cortège de clones, de personnages en quête de liberté et ses femmes aux seins lourds, entravées sous leurs chevelures rousses ou bleu sang. Il entrouvre une nouvelle fenêtre sur cette densité opaque qui marque ses albums, tableaux, décors et costumes d'opéra ou de cinéma (Bunker Palace Hôtel et Tykho Moon) avec un arrêt sur le concept d'expo, «Transit», laboratoire interactif dans lequel les images généraient des textes qui, par ricochet, lui inspiraient d'autres dessins. Car Bilal développe une phobie devant le caractère figé des galeries ou des musées. Espace dans lequel une rétrospective aurait forcément des allures de galimatias. Avec l'initiateur de ce projet, Christian Desbois, ils ont voulu cette présentation intemporelle. Des croquis jetés en vrac sous une bulle de plastique translucide, des planc