Si ses personnages ont toujours eu de gros nez pour affronter les joies, les petites contrariétés et les coups durs de la vie, c'est parce que Florence Cestac a toujours préféré en mettre un pour faire le clown quand ça ne va pas. Comme dans son enfance à Pont-Audemer. Cette joyeuse mélancolie donne le ton de ses albums au trait vif, sauvage, tendance caresse mordante. On rit de ce qui pleure et vice versa. Sa dérision tendre, sa passion des détails font passer le goût amer: elles permettent de fixer les souvenirs de l'enfance, de la jeunesse et du couple évaporés. La mère d'Harry Mickson, de la famille Déblok et du Démon de midi est ainsi l'une des rares femmes à s'être appropriée la bande dessinée. Elle y fait vivre au nez à l'oeil le quotidien, ses sentiments et ses objets. A 50 ans, le Grand Prix 2000 de la ville d'Angoulême est cette année présidente d'un jury dans lequel on ne trouve qu'un homme: Albert Algoud, animateur sur France Inter. Chez elle, à Paris, on est entouré de personnages de BD statufiés par des amis artistes, dont un superbe Marsupilami. Elle collectionne Mickey et jeux de petits chevaux et son regard réfléchit une farce triste: la vie.
Pourquoi toutes ces collections?
Dans les années 70, j'ai déballé aux puces. Je vendais, j'achetais, cette passion ne m'a jamais quittée. Ma collection de Mickey a commencé là, à Montreuil. Les objets sont une maladie et un vrai bonheur. J'achète n'importe quoi: un jouet, un bout de tissu, un bouquin, un disque. Le plus d