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Libération
Interview

L' ami Sfar cérébral.

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Dessinateur et scénariste hanté par le deuil, Joann Sfar aime la mystique juive et la nécrophilie, ce qui n'exclut pas le comique. Entretien et florilège.
publié le 25 janvier 2001 à 22h10

«Alors ça, c'est dégueulasse», lâche Joann Sfar si on le pousse un peu, c'est-à-dire si on lui parle de collectionneurs de BD: «Moi, je fais des livres de peau et d'os, pas des trucs morts.» Plus tard, à propos d'un célèbre journal pour enfants, il lance: «Je suis sûr que certains dessinateurs rendent con, que ça peut rendre con d'apprendre à dessiner en reproduisant ces dessins.» Joann Sfar, né le 28 août 1971 à Nice, maître ès philosophie, ancien élève des Beaux-Arts et père de famille demeurant à Paris non loin du jardin des Plantes, est, quoique fort déconneur, très loin d'être con. Et, après avoir finement expliqué pendant une heure l'alpha et l'oméga de son oeuvre, depuis la technique jusqu'au rapport à la judéité avec force citations, il laisse choir: «Mais tout ce que je dis depuis le début, c'est pour rire.» Ah bon? «Oui, il faut sérieusement rigoler.»

Avec plus de trente livres parus chez sept éditeurs différents, en collaboration avec David B., Blain, Boiscommun, Dubois, Guibert, Larcenet, Munuera ou Trondheim, ce scénariste-dessinateur fait figure d'anguille protéiforme. A défaut d'être exhaustif, on renverra à son site Internet très bien foutu (pastis.org/joann), où l'on peut, entre autres, télécharger des jeux inspirés de la délirante série Donjon qu'il a concoctée avec Trondheim et Blain puis Larcenet («je joue aux jeux de rôles depuis l'âge de 11 ans. J'ai la Dreamcast et la Playstation, plus le PC»). Ne manquez pas non plus le «Photomâcon», qui vous fournira