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Libération
Critique

La trilogie des Poissart.

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Tronchet décrit avec minutie un monde affreux, bête et méchant, mais quand même beaucoup plus beau que le nôtre.
publié le 25 janvier 2001 à 22h10

Le premier de ces trois albums, Au bonheur des drames (ils furent précédés de trois autres de cette série les Damnés de la terre associés, aux Editions Delcourt), porte en exergue, comme par antiphrase, une citation hardie, raide surgie de notre fonds culturel: «Oui la vie est un manège, et mon Dieu que ce manège tourne bien» (Nicoletta), mais c'est avec l'album suivant les Rois du rire, qu'elle prend toute sa force, en tant qu'hymne de Radio Cosmos 2000, la radio privée, privée de téléphone et d'électricité, coupés par le pouvoir «soi-disant pour des factures impayées, ben voyons, on n'est pas dupes!! allez! écoutons Nicoletta-la-rebelle... la porte-parole d'une génération d'écorchés vifs... ça s'appelle: "Oui la vie c'est un manège", haha! le pouvoir aura compris le message...», c'est pour dire si dans l'univers de Tronchet, on ne se mouche pas du pied.

Maintenant, puisque nous aurons à dire dans les paragraphes qui suivront toute l'admiration que nous avons pour ce peintre de moeurs, pour ce greffier de l'exactitude, ce géomètre de nos misères, ce témoin irremplaçable de notre temps, disons tout de suite que page 33 de les Rois du rire, lorsque le sieur Paintex, imitateur subversif à Radio Cosmos 2000 (il contrefait à merveille les voix d'Emile Bonnet, du conseil général, de la femme de l'adjoint au maire Lemortier, et de l'inénarrable Jean-Jean, gardien du terrain de sport), inébranlable producteur de calembours (il tentera sa chance à Paris), fonctionnaire au service con