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Libération

Vuillemin, jeux de vilains.

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publié le 25 janvier 2001 à 22h10

Un gros dégueulasse assure: «Moi, c'est bien simple: tout ce que je gagne, je le mange.» Et un petit dégueulasse lui demande alors: «T'as un chiotte en Suisse?» Ailleurs, un sale type armé d'une hache pérore autour de ce qui semble être une famille sauvagement massacrée. «Aah! J'ai évacué mon stress et je viens de rallonger mon espérance de vie d'au moins vingt ans incompressibles...» L'élégance affichée n'est pas le ton de Philippe Vuillemin, né en 1958 et récompensé en 1995 par le Grand Prix du Festival d'Angoulême. C'est pourtant avec lui que Numa Sadoul, intervieweur d'auteurs de bande dessinée, déjà célèbre pour ses entretiens avec Hergé, Franquin et Tardi, a écrit ce nouveau volume où figurent les deux vignettes décrites. D'habitude, c'est plutôt aux dessinateurs chic qu'on demande de s'expliquer sur leur travail. Vuillemin, dont on placerait plus volontiers le talent dans la continuité de Reiser que de Tintin, s'applique à casser toute mythologie, aussi bien dans ses Sales Blagues de l'Echo que dans ces entretiens. «Je vois la vie comme un gros tas de fumier sur lequel poussent de jolies fleurs. Sans fumier, il n'y aurait pas de fleur. Mais même les fleurs peuvent être cruelles, ces salopes!»

Il voit parfois de la joie et de la générosité dans la méchanceté, en tout cas dans la façon dont on la dessine. Les dessinateurs qui copient Tintin sous prétexte qu'ils l'ont aimé enfant lui paraissent continuer «à sucer leur pouce». «Maintenant, on prend les gosses pour des débi