Les amoureux du XIXe siècle, et ceux qui, par ce livre, le deviendront, éprouveront un plaisir allègre à le traverser sous la conduite de Michel Winock qui, après le (XXe) Siècle des intellectuels (Prix Médicis et best-seller), a choisi de suivre les écrivains, de Benjamin Constant à Emile Zola, sur les chemins de la liberté. Dans la généalogie de l'engagement, l'écrivain occupe, entre le philosophe et l'intellectuel, une posture médiane. Il préfère la littérature à tout autre mode d'intervention dans la cité. L'écriture est son arme et la politique, sa passion, rarement sa profession ou son occupation première. Pour l'historien, elle est une chance. Michel Winock y puise abondamment et cite, longuement, pour nous faire entendre les voix, caustiques, poétiques, lyriques ou dramatiques, de Lamennais, Lamartine, Courier, Béranger, Heine ou Flora Tristan, Victor Hugo couvrant le siècle de sa protestation ardente. «C'est le principe de la liberté qui vient renouveler l'art comme il a renouvelé la société», dit-il lors de la «bataille» d'Hernani (1830). Et lors du coup d'Etat qui l'exile: «Lorsque la liberté rentrera, je rentrerai.» Impossible de vivre sans elle.
Michel Winock a d'autre part plongé dans l'océan des écrits privés (dont la plupart ont été ultérieurement publiés): mémoires, autobiographies, journaux intimes ou d'exil, et surtout correspondances de ce grand siècle épistolaire où la lettre est un lien. D'où l'irruption de l'intime dans l'actualité, le ton de familiarit