En 1998, le pape fait sensation en se rendant à La Havane. Cuba est en piètre état. Son économie, épuisée par la bureaucratie, lâchée par l'URSS de Gorbatchev, oubliée par la Russie de Eltsine, ostracisée par les Etats-Unis, est en déroute. Les libertés ne sont pas en meilleur état. Mais que vient donc faire Jean-Paul II dans ce foutoir?
Manuel Vasquez Montalban s'en fiche pas mal. Il profite de la visite de «l'envoyé de Dieu» pour ausculter les cercles dirigeants de l'île et interroger leurs adversaires à Madrid ou Miami. Le créateur du détective privé Pepe Carvalho lance son enquête avec les préjugés que peut nourrir un ancien communiste, fils de communiste, qui n'a pas vraiment abandonné le credo de sa jeunesse. On le sent notamment dans les récits qui ouvrent ses chapitres et qui présentent Fidel Alejandro Castro Ruz sous un jour plutôt favorable. On le comprend aussi au ton de certaines interviews, celles des plus beaux spécimens de la nomenklatura, qui ont la lourde odeur de la complicité.
Ses sentiments, Montalban les fait aussi passer dans ses appréciations de quelques anticastristes acharnés. De l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, il écrit par exemple que «l'histoire de la persécution des intellectuels retiendra qu'il se persécute lui-même, poursuivant avec hargne son passé communiste». Tous les adversaires de Castro n'ont pas droit au même traitement. Le Barcelonais manie avec plus de prudence la prose, peut être plus explosive, d'un Reinaldo Arenas ou d'un Guill