L’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) a accueilli parmi ses membres Italo Calvino en 1973, à l’époque où Raymond Queneau ou Georges Perec y refaisaient les mondes de la littérature en compagnie du poète et romancier Jacques Roubaud, qui se souvient.
Quand avez-vous connu Calvino?
J’ai connu l’oeuvre avant la personne. D’abord, je l’ai lu avec un plaisir particulier pour l’intérêt qu’on devinait chez lui pour la science et pour sa manière d’écrire très XVIIIe français. Beaucoup de gens faisaient pareil dans mon entourage de mathématiciens à l’université de Dijon où j’enseignais à l’époque. Et c’est d’ailleurs à Dijon que j’ai rencontré Calvino la première fois, en 1967. Il y était venu faire une présentation et, à la fin, on est allés lui dire bonjour. J’en ai parlé naturellement à l’OuLiPo. Il avait déjà un lien ancien avec Queneau dont il avait traduit en italien la Petite encyclopédie portative et écrit une introduction importante. On a commencé à se fréquenter quand il s’est installé à Paris juste avant 68 non pas pour le travail (même s’il représentait Einaudi) mais parce qu’il avait besoin de changer d’air, il se sentait en porte-à-faux parmi les courants qui structuraient le vie littéraire transalpine: on lui reprochait à la fois d’avoir quitté le néo-réalisme et de ne pas militer dans l’avant-garde, par exemple du groupe 63. Cette accusation d’avoir trahi la littérature engagée a persisté même après sa mort. Encore récemment, il est arrivé à moi comme à