Dans Autres Voix, Pinter aborde bien sûr les questions d'écriture dramatique; rend hommage à Shakespeare, Beckett; confesse son engouement de jeunesse pour le dramaturge anglais du XVIIe Webster. Mais aussi, vitupère les Etats-Unis (Il faut arrêter l'éléphant américain, The Guardian, 5 décembre 1987); ironise sur les orientations du gouvernement New Labour de Tony Blair (Lettre ouverte au Premier ministre, The Guardian, 17 février 1998); fustige la guerre du Golfe (Football américain, réflexion sur la guerre du Golfe, 1991). Il donne également à lire ses premiers poèmes. Ce recueil très hétéroclite le titre original est Various Voices regroupe discours, entretiens, articles, poésies, s'échelonnant de 1948 à 1998. Un bilan en creux, où ce qui ne laisse d'émerveiller est la constance de Pinter dans son engagement littéraire et politique.
S'il semble bien que chez lui création et conscience fassent partie d'un tout, Pinter ne tombe jamais dans le symbolisme idéologique. Par «théâtre politique», il entend les «pièces qui traitent du monde réel et non des mondes fabriqués ou imaginaire». En tant que dramaturge, sa responsabilité s'exerce d'abord vis-à-vis de «la pièce en chantier». Il dit travailler d'instinct. C'est la réalité de la situation qui engendre les idées, qui donne le sens du combat. La méthode: «(...) Je trouve deux personnages dans un contexte particulier, je les réunis et écoute ce qu'ils racontent, en restant aux aguets. Pour moi, le contexte a toujours été con