Les hippies refont ils rêver? En tout cas, ils occupent l'actualité éditoriale. Ainsi, Alain Dister, critique de rock et de photo, devenu romancier et photographe, a ressorti ses carnets américains écrits entre 1966 à 1969, pour les faire publier. Ils racontent l'histoire d'un jeune homme de 25 ans qui, un jour de l'été 66, a quitté la France gaullo-pompidolienne pour «vivre neuf». Parti trois mois outre-Atlantique, il y restera quatre ans. Pourtant, le premier contact est difficile. Dister pose ses sacs au Greenwich Hôtel de New York, alors un des havres les plus sales et les plus dangereux du nouveau monde. Il note: «La violence, la crasse, l'indifférence et toutes les solitudes.. ont eu raison de mon bel optimisme.» Heureusement, pour se remettre d'aplomb, il y a la musique. C'est l'époque du combat interatlantique entre les pop anglaise et américaine, entre les Beatles et les Lovin'Spoonful, les Beach Boys et les Rolling Stones. A New York, les rues sont pleines de ces combats très singuliers et aussi «de cette liberté qui fait tellement défaut à Paris liberté de penser, de jouir, de s'habiller et de se coiffer sans craindre les regards qui jugent ni les tracas policiers».
Dister ne tarde pourtant pas à traverser le pays vers la côte Pacifique. Il s'arrête d'abord à Los Angeles, puis part pour San Francisco. A l'époque, en 1967, la ville des folies de Kerouac et Cassady, est devenue la ville sainte des hippies, et le quartier de Haight-Ashbury, le centre du monde. Diste