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Libération
Critique

La place d'Italo.

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Du néo-réalisme transalpin aux jeux oulipiens: comment Italo Calvino (1923-1985) trouva à Paris une réputation mondiale. Trois volumes pour prendre ou reprendre connaissance.
publié le 8 février 2001 à 22h43

Italo Calvino fut un rêveur contrarié, comme peuvent l'être certains gauchers. Mais la contrainte ne lui vint pas de l'extérieur, par exemple, de sa passion politique au temps de la Résistance contre le fascisme à laquelle il participa à vingt ans, ni de son engagement pendant la guerre froide dans le Parti communiste dont il fut militant jusqu'aux événements de Hongrie en 1956, ni même du courant littéraire néo-réaliste auquel appartiennent ses premiers récits. C'est en lui-même que Calvino alla chercher ses propres entraves, soignant, paradoxalement, le mal par le mal. Ainsi, pour lester sa tendance naturelle au rêve, il s'inocula de doses faramineuses de rêveries: «Chaque fois que j'essaie d'écrire un livre, note-t-il en 1978, je dois le justifier par un projet, un programme, dont je vois aussitôt les limitations. Alors je lui colle un autre projet, beaucoup d'autres projets, et cela finit par me bloquer. Chaque fois, en même temps que le livre à écrire, je dois m'inventer l'auteur qui l'écrit, un type d'écrivain différent de moi et de tous les autres dont je perçois nettement les limites...» Calvino est mort d'une hémorragie cérébrale en 1985, à 62 ans. Depuis, son oeuvre est entrée dans les eaux calmes des classiques, loin des engouements et dégoûts d'antan. Mais la publication de trois livres par le Seuil devait nous en dire plus sur son actuelle réception: Ermite à Paris est un recueil de textes autobiographiques, dont quelques-uns inédits, notamment un «Journal améri