De prime abord, elle semble drôle, l'idée de confier à quatre auteurs différents, philosophes ou analystes, le soin de traiter chacun un «pan» de la vie et de la pensée de Sigmund Freud. On se dit que, du fondateur de la psychanalyse, on sait déjà presque tout et qu'à établir des périodisations aussi nettes on risque, au mieux, d'introduire de l'artifice et, au pire, de voir des arbres plutôt que la forêt. Les quatre petits volumes, accompagnés d'un choix de textes, qui viennent de paraître dans la collection «Psychanalystes d'aujourd'hui», lèvent tous les soupçons, et, en se relayant, parviennent à donner de Freud une image plus précise que celle que livrent les ouvrages dits «de synthèse». Cette façon de façonner une biographie intellectuelle par «emboîtement» peut même, d'une certaine manière, être lue comme le signe de ce que Freud, en un siècle, a «changé de statut», acquis la dimension hyperbolique d'un penseur classique qui, enveloppé dans une masse de commentaires et d'interprétations, n'est plus susceptible d'être vu en panoramique mais seulement au téléobjectif ou par gros plans successifs. Le premier cadrage est fait ici par Françoise Coblence sur les années 1886-1897, c'est-à-dire sur la période qui s'ouvre lorsque Freud rencontre à Paris Jean-Martin Charcot, et s'achève au moment où il entreprend son auto-analyse et renonce à la «théorie de la séduction».
«Je ne suis pas vraiment un homme de science, un observateur, un expérimentateur ou un penseur. Par tempérame