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Libération
Interview

Associations de bienfaiteurs.

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publié le 15 février 2001 à 22h56

New York envoyé spécial

Y a-t-il des raisons personnelles qui vous ont poussé à écrire ce livre ? Norman Finkelstein : Je ne peux pas le nier. Je suis resté très lié à mes parents jusqu'à la fin de leur vie. J'ai passé beaucoup de temps à parler avec eux de ce qu'ils avaient enduré, pas tant sur le plan personnel ­ ils ne parlaient jamais des camps ­ que moral et politique. Ils essayaient de trouver un sens à ce qui leur était arrivé, à l'Holocauste nazi et aussi à sa représentation aux Etats-Unis, ce que j'appelle «l'industrie de l'Holocauste». Je n'étais pas le seul dans ma famille à être indigné.

Pourquoi ?

Parce que les choses ont pris une dimension démente, incontrôlée. En 1999, il y a eu plus de 300 articles sur l'Holocauste nazi dans le New York Times, au point d'être le sujet le plus traité de l'année, à l'exception de la météo. Peter Novick y voit la grande influence des milieux juifs dans les médias américains. Mais cette explication n'est pas suffisante : déjà dans les années 50-60, les propriétaires du NYT étaient juifs, mais il n'y avait pas cette marée d'articles. En fait, il y a convergence d'autres facteurs, comme la communauté d'intérêts politiques existant entre les Etats-Unis et Israël, et l'instrumentalisation de l'Holocauste par le pouvoir américain lui-même. En s'appropriant et en diabolisant le plus possible un événement où il n'est pour rien, le pouvoir américain s'exonère à bon compte de tous ses crimes dans le reste du monde, que ce soit en Asie, en Am