Depuis sa sortie à l'automne dernier, l'Industrie de l'Holocauste de Norman G. Finkelstein nourrit aux Etats-Unis et en Angleterre une vive polémique, qui a rebondi la semaine dernière en Allemagne, où l'ouvrage vient d'être traduit. Dans ce bref pamphlet, l'auteur, un universitaire juif new-yorkais dont les parents étaient des rescapés du ghetto de Varsovie et des camps, dénonce l'existence aux Etats-Unis d'«une industrie de l'Holocauste», dont les buts principaux sont de justifier la politique «criminelle» d'Israël et d'«extorquer de l'argent à l'Europe» au nom des familles des victimes. Ces attaques violentes ont valu à Norman Finkelstein d'être accusé de «haine de soi», d'irresponsabilité, d'encouragement au négationnisme. Exacerbée par ce brûlot, la controverse sur cette «exploitation de la souffrance des juifs» a démarré en fait il y a quelques années aux Etats-Unis, que ce soit à propos de l'ouvrage très discuté de Daniel Goldhagen pour qui le peuple allemand est intrinsèquement antisémite (1), de celui de l'historien Peter Novick, The Holocaust in American Life (en traduction chez Gallimard, lire ci-contre), auquel Norman Finkelstein se réfère beaucoup et selon lequel la mémoire de l'Holocauste est «une construction idéologique», ou encore à propos de ceux des «nouveaux historiens» israéliens qui ont montré comment les dirigeants d'Israël ont utilisé la Shoah pour renforcer le nationalisme juif.
Pour Norman Finkelstein, le grand tournant se situe autour de 1967. Jusqu