L'Holocauste n'a pas directement concerné les Etats-Unis. Pourtant, le souvenir de la Shoah tient aujourd'hui une place considérable dans l'espace public américain au point de constituer un élément identitaire fort, pour les juifs comme pour les Gentils. Phénomène éminemment paradoxal que Peter Novick s'efforce d'éclairer. Professeur à l'université de Chicago, l'historien a publié en 1968 une étude de l'épuration qui, traduite en 1985 et constamment rééditée depuis, a longtemps fait autorité.
Premier mérite, l'ouvrage présente une chronologie de cette mémoire. De fait et au rebours d'une idée reçue , le silence sur l'extermination a longtemps prévalu. La passivité aujourd'hui tant décriée de l'administration Roosevelt s'explique par des facteurs multiples. La Maison-Blanche refusa les offres formulées par quelques dirigeants nazis (l'échange de juifs contre des camions par exemple) pour ne pas menacer l'entente avec l'allié russe; et le refus de bombarder Auschwitz s'explique tant par l'inutilité d'une telle frappe que par les risques qu'auraient encourus les déportés. Après la victoire, la présence de la Shoah dans l'espace public demeura tout aussi discrète. Pour les sionistes, la création d'Israël offrait un exutoire à la croissance démographique de la Diaspora un discours qui obligeait à taire les pertes subies pendant la Seconde Guerre mondiale d'autant que les survivants, tournés vers l'avenir, ne cherchaient pas à raviver le souvenir de leur calvaire. La guerre fr