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Critique

Heil society.

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La vie privée et très mondaine du couple Mosley, qui tenta d'importer le fascisme en Grande-Bretagne .
publié le 22 février 2001 à 23h06

Patrie du parlementarisme et de la démocratie, la Grande-Bretagne n'a pas, aussi paradoxal que cela puisse paraître, échappé aux démons fascistes qui tenaillaient l'Europe des années trente. C'est en 1932 qu'Oswald Mosley, un jeune politicien venu du travaillisme, lança les Chemises noires qui, à l'instar des «fasci» italiens, rêvaient d'imposer l'ordre brun dans les îles britanniques.

Plus d'un élément apparente le mouvement à ses homologues continentaux. Tout comme Mussolini, Jacques Doriot, ou Marcel Déat, Mosley au départ appartenait à la gauche. Mais le conformisme du Labour, la frilosité des solutions proposées par le parti de Ramsay Macdonald pour échapper à la crise économique, incitèrent le député à rompre avec ses amis en se situant «au delà du travaillisme». Le contexte général favorisa cette rupture. Marqué par la Grande Guerre à laquelle il avait participé comme aviateur, le leader s'efforça de recruter auprès d'anciens combattants que l'expérience des combats avait rendus amers. Ces facteurs structurels se doublèrent d'atouts personnels qui contribuèrent à asseoir l'audience des Black Shirts. Le succès d'un mouvement qui, à son apogée, compta sans doute quelque 40 000 sympathisants s'explique en partie par le charisme du jeune politicien ­ sans doute le plus brillant de sa génération ­ que Diana Mitford, sa maîtresse puis épouse, épaula sans relâche.

A la différence de Hitler ou de Mussolini, Mosley était tout sauf un déclassé. Baronnet d'une vieille famille des