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Libération
Critique

La satiété du spectacle.

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Un nouveau tome de correspondance, une biographie semi-officielle et un ouvrage qui éclaire les liens du fondateur de l'IS avec celui de «Socialisme et Barbarie», Cornélius Castoriadis.
publié le 22 février 2001 à 23h06

Le tome II de la correspondance de Guy Debord couvre quatre années cruciales de sa vie, de septembre 1960 à décembre 1964. Dans ces textes souvent vifs, on découvre plusieurs visages du futur auteur de la Société du spectacle, celui de l'ami, celui de l'amoureux et aussi le masque grimaçant du grand inquisiteur de l'Internationale situationniste créée en juillet 1957. En 1962, Debord écrit: «L'IS est d'abord comparable ­ sociologiquement si j'ose dire ­ à un groupe d'artistes plus qu'à une organisation politique. Notre critique de la culture est faite à partir du terrain culturel.» A peine définit-il ainsi l'IS qu'il la transforme en son contraire.

La petite Internationale qu'il cornaque rompra avec pratiquement tous «ses» artistes, d'abord avec le Hollandais Constant, concepteur de l'urbanisme unitaire et l'Italien Pinot-Gallizio, apôtre de la peinture industrielle, puis avec le groupe Spur, une avant-garde allemande jugée trop proche de Constant, et avec Jörgen Nash, un peintre scandinave contre lequel Debord usera de quelques adjectifs giflants. Asger Jorn, l'ami de Debord, l'artiste à succès, celui qui finance la revue de l'IS, finira par s'effacer lui aussi. En 1964, même si elle continue de tirer ses racines du «terrain culturel», la nouvelle Internationale n'est plus ce qu'elle était.

Dans son Guy Debord (1), Anselm Jappe cite un texte de 1963. L'IS y théorise cette séparation d'avec les artistes: «Nous sommes contre la forme conventionnelle de la culture, même dans son