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Libération
Critique

Macé, l'entrelacs des signes.

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En fragments, en images mouvantes entre réel et imaginaire, entre Orient et Occident, Gérard Macé dresse inlassablement l'inventaire du monde.
publié le 22 février 2001 à 23h06

Gérard Macé est unnomade doublé d'un collectionneur impénitent. Ses livres ressemblent à des catalogues fragmentaires dont les notices seraient autant de textes arrachés à l'inventaire du monde. Moments de lectures, choses vues, souvenirs d'enfance et de voyages, composent un pêle-mêle magique. S'il y a en lui quelque chose du chiffonnier de Baudelaire, il s'est identifié au colporteur qui pendant des siècles, sa hotte pleine de romans de chevalerie, d'images colorées et de rubans, a fait les délices des lectrices et des amants.

Colportages I et II, avaient été consacrés à la lecture et à la traduction, le nouveau volume traite des images. Gérard Macé en a la passion, et plus encore celle des visages: «ceux qu'on croise en cherchant leur regard et ceux qu'on évite pour ne pas affronter leur souffrance; ceux dont on croit deviner l'histoire, dans un reste d'enfance ou dans l'âge qui vient; ceux dont on invente les rêves, comme si l'on avait le pouvoir d'entrer en plein jour dans le sommeil des autres.»

C'est sous l'enseigne de l'hôtel du Grand Miroir où Baudelaire logeait à Bruxelles que Macé ouvre son musée minuscule. Photographies d'Henri Michaux (l'Homme sans visage) prises par Brassaï et Gisèle Freund. Portrait saugrenu d'un cardinal à lunettes par le Greco qui annonce déjà les détournements que feront les avant-gardes de la Joconde. Portrait réel ou imaginaire de Pierre Loti par le Douanier Rousseau sur un fond de cheminée d'usine (ou de mosquée). Mais aussi images mouvant