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Libération
Critique

Marcher sur les os.

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Massacres à la machette, rétrécisseurs de sexes, miracles qui tombent à l'eau. Entre humour et horreur, l'Afrique très noire de Jean-Claude Derey.
publié le 1er mars 2001 à 23h49

Hondo est un jeune Targui mauritanien, il a échoué à Abidjan après avoir fui le désert où il a perdu dix chameaux. Il sait que son patron, Housseini, homme cruel et avare, le tuerait s'il revenait sans son troupeau. Dans la capitale de la Côte-d'Ivoire, l'adolescent nomade fait de nombreuses rencontres, des personnages truculents, cyniques et sanguinaires. Ainsi, au début du livre, Hondo devient malgré lui le complice de Bombo, un petit homme ricanant qui se dit ancien instituteur, et de Doumbia, un géant qui manie la machette avec une mortelle efficacité. Ces deux bandits sans état d'âme alimentent un trafic d'organes et forcent Hondo à les assister dans leurs tristes exploits. La brutalité de ces deux assassins n'est pas le seul danger qu'affrontera le fils du sable: pire est encore l'habileté manoeuvrière du commissaire Zéphyrin, aux mains desquelles il ne tarde pas à tomber. Zéphyrin un flic implacable et tout en sourires feints, il cherche à contrôler la ville. Quand il n'est pas englué dans une affaire dangereuse, ou en train de fuir Zéphyrin, l'adolescent traîne dans les rues, entend des histoires invraisemblables et xénophobes, comme celle des «rétrécisseurs de sexe»: des Nigérians, des Ghanéens, des Libériens vous rabougriraient l'orgueil mâle rien qu'en vous serrant la main. La foule a lynché quelques-uns de ces sorciers et la presse prodigue ses conseils: «Gardez un citron en poche. Chargez une bougie bleue en invoquant la protection de Dieu...» Hondo travaille au