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Libération
Critique

Camilleri, crédit lyonnais.

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Comment transmettre la saveur de l'Italo-Sicilien de Camilleri? En mêlant le français au parler lyonnais.
publié le 8 mars 2001 à 23h56

Le succès des livres d'Andrea Camilleri, régulièrement en tête des best-sellers en Italie, repose en bonne part sur leur langue, cet «italien sale» comme il l'appelle, où s'entremêle l'italien et le dialecte sicilien. Jamais il n'a voulu ajouter de lexique à la fin de ses ouvrages. «J'ai beaucoup de lecteurs notamment au nord du pays et, pour eux, c'est comme un jeu que de découvrir petit à petit le sens de mots siciliens à première vu abscons», explique volontiers le père du désormais célèbre commissaire Salvo Montalbano (1) de Vigàta, petite ville imaginaire du sud de la Sicile qu'il a aussi immortalisé dans de grinçantes chroniques toutes situées à la fin du siècle dernier. L'une d'entre elles, la Concession du téléphone (2), hilarant récit épistolaire évoquant Courteline et Kafka, montre comment la vie du très respectable Filippo Guenardi, honorable commerçant en bois, basculait après une lettre au préfet pour demander une ligne de téléphone encore inconnu à Vigàta en 1892. Dans la même veine, la Saison de la chasse est un vaudeville ricanant, plein d'amours et de vengeances autour du retour au pays de Fofo La Matina, venu ouvrir une pharmacie. C'est l'un des livres où l'imagination linguistique de Camilleri se déchaîne le plus. Pour la première fois, la traduction restitue pleinement ce «sentiment d'étrangeté familière» que ressent le lecteur transalpin face à l'Italo-Sicilien de l'original.

«Il fallait essayer de reproduire ce croisement entre une langue sentie comme la