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Libération
Critique

Ce que dit la bouche d'ombre.

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Qui y-a-t-il dans cette «béance ouverte sur l'intérieur du corps»? Un essai de Pierre Fédida sur les signifiants corporels.
publié le 8 mars 2001 à 23h56

Deux ouvrages de Pierre Fédida paraissent en même temps, l'un «plus grand public» sur un sujet d'actualité, la dépression (voir page précédente) l'autre, plus difficile, plus dense, plus poétique aussi, sorte de méditation psychanalytico-littéraire sur le corps humain et la régression. Fédida est un analyste rare dans le paysage français contemporain, un analyste laïc (profane au sens freudien) qui explore par tous moyens théoriques, littéraires (de Proust à Conrad), artistiques (des statues de Giacometti aux poupées de Hans Bellmer) des signifiants corporels dont, en général, ce sont davantage des analystes médecins (à commencer par Freud) qui font leur miel. S'interrogeant en général sur les modèles et sur la signification du vivant, de la sexualité et de la mort, Fédida, dans le premier de ces livres, montre l'intérêt que peut avoir le retour à la notion de régression. Pourquoi «retour»? Parce que la notion de fixation-régression semble quelque peu délaissée par les analystes contemporains, comme privée de pertinence technique et métapsychologique. Alors que, selon Fédida, elle est d'autant plus heuristique qu'elle permet de penser la capacité de régression de l'analyste, son activité dans la cure, et donc les conditions du cadre pour une telle activité. Ce qui touche à la question du contre-transfert dans l'analyse est en effet un des sujets de prédilection de Fédida depuis des années; ce qui fait de celui-ci l'un des héritiers de Ferenczi, de Balint, de Winnicott et d'H