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Libération
Interview

La pravda si je mens.

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publié le 8 mars 2001 à 23h56

Tous les matins, l'homme qui publie sous le nom de Boris Akounine, marche dans les rues, le parc autour de chez lui, s'arrête pour prendre des notes dans un petit carnet rouge à couverture skaï, rentre, s'installe devant son ordinateur. Plus tard dans la journée, il donne rendez vous au (nouveau) café Pouchkine situé au centre de Moscou. «C'est pratique et puis, ici, tout est faux», dit-il. Des murs aux meubles, tout est neuf mais donne l'illusion du vieux, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

Au fronton de l'édition russe de vos livres, revient ce surtitre: «nouveau détective». En Russie «détective» désigne un genre, nous dirions polar, mais en quoi est-il «nouveau»?

Comme vous l'aurez remarqué «nouveau» est écrit avec des caractères que l'on utilisait autrefois, le sens est clair: c'est le nouveau vu par les yeux du XIXe siècle, et inversement. Azazel, le premier épisode des aventures de Fandorine, commence dans une imitation du style de Boulgakov, puis on passe à Dostoïevski et plus loin à Eugène Sue, un auteur beaucoup traduit en russe. La plupart des lecteurs ignorent ce décryptage et s'en tiennent à l'histoire, même s'ils sentent une certaine profondeur. C'est comme la laque japonaise: la multiplication des couches augmente la lumière intérieure. Je souhaite que le lecteur sorte de mes livres avec une impression de mystère irrésolu, de doute. Mon souhait le plus cher c'est qu'il relise, qu'il cherche une seconde couche.

L'enjeu, c'est le jeu?

J'aime être un parasite sur le