Les «mignons» ont toujours eu mauvaise presse chez les historiens. Ces jeunes aristocrates de vingt ans, les Joyeuse, Epernon et autres La Valette dont Henri III aime à s'entourer dès son accession au pouvoir en 1574, ont toujours souffert d'une image scandaleuse. Considérés comme illégitimes auprès du roi parce que n'appartenant pas à la plus haute noblesse, la chronique contemporaine les présente comme des personnages efféminés qui ont dévergondé la vie de cour avec leurs jeux pervers. A eux seuls, ils symbolisent les excès du pouvoir personnel du monarque. Ces apparences sont trompeuses et simplificatrices car, derrière la promotion de ces favoris, avec lesquels Henri III entretient par ailleurs une véritable amitié remontant à sa jeunesse, il faut voir l'émergence d'un nouveau système de gouvernement.
C'est ce que montre Nicolas Le Roux dans ce gros ouvrage érudit qui se lit pourtant (presque) comme un roman historique. Il cherche moins à réhabiliter les mignons on s'en serait douté qu'à comprendre leur rôle dans la transformation des relations entre le pouvoir royal et la noblesse à ce moment crucial que sont les guerres de Religion. Il propose ainsi une anthropologie politique qui aide à renouveler notre vision de la formation de l'Etat moderne. Ce livre fait ainsi écho aux préoccupations actuelles de beaucoup d'historiens, soucieux de comprendre les fondements sociaux de la naissance de l'Etat qui, dans ces périodes anciennes, est moins une structure contenant en g