Personne, parmi les vivants, n'a mieux connu Carl Schmitt que Nicolaus Sombart. De personne, Carl Schmitt n'a plus hanté la vie que celle de cet intellectuel âgé aujourd'hui de 78 ans, longtemps haut fonctionnaire au Conseil de l'Europe à Strasbourg, ancien membre du Groupe 47, auteur de romans et d'essais, notamment de Chronique d'une jeunesse berlinoise (Quai Voltaire, 1992) et des Mâles vertus des Allemands (Cerf, 1999), sur «le syndrome Carl Schmitt» justement. Professeurs éminents de l'université allemande, Carl Schmitt et Werner Sombart étaient amis et avaient épousé des femmes de l'Est, Yougoslave le premier, Roumaine le second. Quand le jeune Nicolaus naît en 1923, sa mère a 30 ans, son mari en a le double. A la mort de ce dernier, en 1941, Carl Schmitt qui n'a que sa fille Anima jouera auprès du jeune Nicolaus un rôle par beaucoup d'aspects paternel, autant dire que les relations entre l'un et l'autre, pour être importantes, n'ont pas été nécessairement simples.
Que reste-t-il de la pensée de Carl Schmitt?
On connaît le théoricien de la guerre civile et de l'état d'urgence, de la dictature et de la souveraineté. Sa définition de la politique comme le lieu de l'affrontement de l'ami et de l'ennemi, l'a rendu célèbre, mais celui qui reste à mes yeux encore vivant est le penseur des grands espaces. Dans le Nomos de la terre, son dernier grand livre, aujourd'hui traduit, on voit l'Angleterre partir à la conquête de la terre ouverte et de l'océan contrairement à l'Alle