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Interview

Paul Celan Le sixième sens

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Rencontre avec Eric Celan, fils de Paul et Gisèle Celan, et Bertrand Badiou, chercheur à l'Unité de recherche Paul Celan de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm.
publié le 22 mars 2001 à 0h09
Comment le projet de publier cette correspondance privée est-il né?

E.C. Il y avait une très grande demande en Allemagne où les lecteurs de Paul Celan s'interrogeaient sur sa vie, sa maladie. Il nous a semblé que la meilleure manière de leur répondre était que les acteurs de l'histoire s'expriment eux-mêmes. Ma mère avait déjà initié la publication des correspondances avec Nelly Sachs et Franz Wurm. Sa propre correspondance avec mon père était partiellement classée dans des dossiers.

B.B. Je ne pensais pas au départ me lancer dans un travail éditorial aussi vaste. Notre rencontre avec Maurice Olender qui dirige la collection «La librairie du XXIe siècle» au Seuil a donné son véritable essor à notre projet. Nous étions heureux de pouvoir faire connaître Paul Celan à un public plus vaste en publiant les lettres de ce poète-penseur de la mémoire dans une collection à spectre large, réunissant entre autres des historiens...

Eric Celan, c'est une expérience peu banale que d'avoir accès à la correspondance intime de parents aussi prestigieux que les vôtres...

E.C. Je savais que cette correspondance existait, mais je n'en ai pris connaissance qu'en 1991, après la mort de ma mère. Ça a été très émouvant, parce que ces lettres évoquent des périodes de la vie de mes parents ou de la mienne dont je conserve certains souvenirs...et dont j'avais oublié aussi certains éléments. Se replonger dans tout cela n'a pas été toujours facile. Mais, malgré l'étonnement de les voir converser sur certains sujets, j'ai bien retrouvé mes parents tels que je les connaissais.

Votre père vous adressait des lettres parfois effrayantes...

E.C. Quand il allait mal, mon père avait une attente délirante vi