Entre l'histoire et la chronologie, les choses ne sont pas simples. S'il n'est évidemment pas d'histoire sans dates, il n'est pas sûr qu'une simple succession de faits suffit à en comprendre le déroulement. Quel événement en effet existe hors de l'opération intellectuelle qui l'élabore et le donne à lire? Cette difficulté n'a pas échappé à l'équipe d'historiens dirigée par Françoise Cibiel, qui publie aujourd'hui aux éditions Gallimard une très impressionnante chronologie de la France. Pour la contourner, la maîtresse d'oeuvre avance deux arguments. Le premier, de nature épistémologique, est qu'il existe «des noyaux factuels irréductibles» et donc aisément descriptibles, ce qui demeure une idée discutable. Que Clovis, par exemple, ait effectivement existé ne signifie pas pour autant qu'il inaugure l'histoire de France, comme l'ouvrage le postule. La seconde parade, éditoriale, consiste à accompagner la liste des événements de propos susceptibles de les mettre en perspective. D'où le choix d'introduire chaque séquence (règne, période ou régime) par des textes synthétiques qui en proposent une interprétation d'ensemble, comme pour corriger le caractère nécessairement fragmenté de la chronologie. Et celui de multiplier aussi les petits encarts synchroniques ou biographiques consacrés à des événements ou des personnages-clés, du type Armagnacs et Bourguignons, Constitution civile du clergé, Pasteur, Lavisse ou Nouveau Roman. Le résultat est une masse considérable d'informations,
Critique
Pour prendre date.
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par Dominique Kalifa
publié le 22 mars 2001 à 0h09
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